Comprendre une fatigue invisible mais bien réelle
🧶 Introduction
Vous avez l’impression d’être constamment fatigué.e, même après une journée « sans rien de spécial » ?
Vous vous sentez vidé.e, alors que d’autres autour de vous semblent fonctionner sans pause ?
Si vous êtes concerné.e par un TSA, un TDAH ou un profil neuroatypique, cette fatigue n’est pas imaginaire. Elle est bien réelle, mais souvent mal comprise — par l’entourage, par les professionnels… et parfois par vous-même.
Dans cet article, on fait le point sur les raisons profondes de cette fatigue, et pourquoi elle est si fréquente quand on est neuroatypique.
🔁 Pourquoi la neuroatypie fatigue autant ?
1. La surcharge sensorielle
Quand on est très sensible aux bruits, lumières, odeurs, contacts physiques… chaque environnement demande un effort d’adaptation.
Un simple trajet en bus ou une conversation dans un café bruyant peut devenir épuisant. Le cerveau est en mode alerte pour trier les infos, se protéger, anticiper. Ce stress sensoriel s’accumule au fil de la journée.
2. La surcharge cognitive
Avec un TDAH ou un TSA, le cerveau est souvent en surrégime permanent.
Il doit gérer l’inattention, l’impulsivité, la régulation émotionnelle, le traitement des infos…
Ce qu’on appelle souvent “petites tâches” (ranger, organiser, planifier) demande en réalité une énergie immense.
3. L’hypervigilance sociale
Les interactions sociales, même simples en apparence, peuvent être une source d’effort intense.
Il faut décoder les signaux, ajuster son comportement, gérer la réciprocité…
Chez les personnes TSA, cette hypervigilance peut être automatique et constante, même dans des situations anodines.
4. Le camouflage ou masquage
Pour “rentrer dans les cases”, beaucoup de personnes neuroatypiques ont appris à se forcer à paraître neurotypique : forcer le contact visuel, modérer leur ton de voix, masquer une crise sensorielle, faire semblant de comprendre une blague…
Ce jeu d’acteur permanent est épuisant. Et souvent invisible.
5. Les troubles associés
Troubles anxieux, ruminations, insomnies, dépression, TCA…
Ces comorbidités sont fréquentes avec le TSA et le TDAH, et elles aggravent encore la fatigue.
🥄 La théorie des cuillères
La théorie des cuillères (ou spoon theory) est une métaphore développée par Christine Miserandino pour parler de la vie avec une maladie chronique, mais elle est aussi très utilisée par les personnes neuroatypiques.
Imaginez que vous avez un nombre limité de cuillères d’énergie chaque jour (disons 12).
- Prendre une douche ? → 1 cuillère
- Sortir faire des courses ? → 3 cuillères
- Gérer une réunion bruyante ? → 4 cuillères
- Répondre à ses mails ? → 1 cuillère
- Affronter un imprévu ? → parfois 3 à 5 d’un coup…
Le problème, c’est que ces dépenses sont invisibles pour les autres. Et quand on a utilisé toutes ses cuillères… on ne peut pas juste « se forcer ». On est vraiment vidé.e, physiquement, mentalement, émotionnellement.
🧠 “Je n’ai rien fait et pourtant je suis épuisé.e…”
C’est une phrase que beaucoup de personnes TSA ou TDAH disent.
Mais ce “rien” inclut souvent :
- Se contenir en public
- Masquer une surcharge sensorielle
- Forcer son attention sur un appel ou une tâche
- Lutter contre le chaos mental ou la désorganisation
- Préparer mentalement une interaction sociale
- Réguler des émotions fortes ou soudaines
Autrement dit : ce n’est pas rien du tout.
Et pourtant, comme il n’y a pas de symptôme visible, la fatigue est souvent minimisée ou incomprise.
Cela peut générer culpabilité, honte, ou sentiment d’illégitimité.
💡 Quelques pistes pour se préserver (un peu)
Voici quelques idées pour mieux gérer cette fatigue spécifique :
- 🔕 Prendre des vraies pauses sensorielles : moments de silence, lumière tamisée, temps seul.e sans stimulation
- 🧭 Identifier ses déclencheurs de fatigue : interactions sociales prolongées, lieux bruyants, multitâche…
- 🗓️ Aménager ses journées : en alternant tâches exigeantes / repos réel, sans culpabiliser
- 🚫 Dire non plus souvent : éviter le surengagement, même dans ce qui est « positif »
- 🛏️ Écouter la fatigue au lieu de la combattre systématiquement
📩 Pour aller plus loin
La fatigue liée à un TSA, un TDAH ou un fonctionnement neuroatypique n’est pas un défaut de motivation.
C’est le reflet d’un fonctionnement cérébral et émotionnel intense, complexe, et souvent épuisant.
Il est possible d’apprendre à mieux comprendre son propre rythme, à l’écouter, et à trouver des aménagements qui permettent de préserver son énergie.
Si vous souhaitez en parler, poser des mots sur ce que vous vivez, ou être accompagné.e dans cette démarche, je vous accueille en consultation :
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📍 En cabinet à Strasbourg ou en visio
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